Charles Darwin parle d’émotions « fondamentales ».
Paul Ekman (célèbre psychologue américain) parle d’émotions « universelles ».

Quelle que soit la façon dont elles sont abordées, ce que nous retrouvons dans tous les travaux et ce dont nous sommes certains… c’est que les émotions sont inhérentes, indissociables et indispensables à toutes formes de vie !

Comme nous l’avions aussi précisé dans notre article d’introduction sur les émotions (à lire ici), celles-ci jouent toutes un rôle essentiel pour notre vie/survie.

En effet, elles nous protègent et sont là pour nous guider vers la satisfaction de nos besoins. Pour cela, et chacune à leur manière, nos émotions ont un message particulier à nous faire passer. Mais encore faut-il pouvoir l’entendre et le déchiffrer !

Bien qu’elle soit personnelle et que les déclencheurs sont aussi nombreux qu’il y a d’êtres humains, une même émotion prendra la même forme et aura la même fonction pour notre organisme et notre psychisme, quel que soit notre âge, notre sexe, notre culture.

Ainsi pour mieux les identifier et mieux les comprendre, je vous propose, au fil des mois, de dresser le mini portrait-robot de certaines d’entre-elles. Alors ce mois-ci, dites…

BONJOUR TRISTESSE ! 

La tristesse se définit elle-même comme étant un « état d’incapacité à éprouver de la joie, à montrer de la gaieté ».

Son étymologie est latine, tristitia, -ae : affliction; caractère sombre, sévère.

On évoque le mot tristesse lorsque quelque chose nous parait sans éclat, sans animation, sans gaieté ni couleurs

A travers ses définitions ou son étymologie nous pouvons donc, me semble-t-il, bien nous reconnaître lorsque nous éprouvons et ressentons de la tristesse. Nous retrouvons bien ce côté apathique (sans énergie), sombre, sans éclat…

« Oui, bon, triste quoi… « 

Ok, allons plus loin dans notre « profilage »

COMMENT RECONNAÎTRE LA TRISTESSE ?

       1. SON VISAGE :

émotions - morphologie

        2. SON CORPS :

C’est L’équipe du Dr Lauri Nummenmaa, de la faculté des sciences d’Aalto (Finlande) qui, pour la première fois, a réalisé la carte corporelle des émotions prouvant ainsi, qu’à chaque émotion nous pouvions associer et retrouver une combinaison de sensations.

Voici ci-dessous la carte corporelle de la tristesse (à gauche) et de l’émotion dite « mixte » de la dépression (à droite), détaillées ensuite par plusieurs caractéristiques afin de mieux identifier et comprendre comment cela se passe en nous :

 ce qui se passe dans notre corps - tristesse et dépression

Les couleurs chaudes = zones du corps suractivées par l’émotion

Les couleurs froides = zones du corps affaiblies ou ralenties par l’émotion

Dans un état de tristesse :

  • Le tonus musculaire est faible
  • Le corps, plutôt immobile, semble replié sur lui-même
  • Le cœur est ralentit
  • La respiration est ample et lente, entrecoupée de profonds soupirs et de petites inspirations très superficielles
  • Baisse de sérotonine (appelée hormone du bonheur) : elle est impliquée dans la régulation de fonctions telles que la thermorégulation (voilà pourquoi nous avons cette sensation de froid, notre température corporelle baisse), les comportements alimentaires et sexuels, le cycle veille-sommeil, la douleur, l’anxiété ou le contrôle moteur
  • Augmentation du cortisol (connue comme étant une hormone du stress), elle est importante dans le contrôle des niveaux de sucre dans le sang, la pression sanguine et la qualité du sommeil (comme pour la sérotonine cela nous fait écho quant au sommeil qui peut être perturbé, l’appétit etc…)
  • Grande activité du cerveau : plus de 70 régions cérébrales distinctes s’activent (parce que lorsque l’on est triste « on se souvient, on pense, on réfléchit »). Notre cerveau nous réclame de l’énergie (du glucose), et c’est aussi pour cela que se crée le besoin de manger sucré.

         

        3. SON MESSAGE ET SON RÔLE :

La tristesse va toujours répondre à sur une situation de manque ou d’absence, autrement dit elle nous renseigne sur le fait que nous avons perdu ou que nous manquons d’une nourriture affective qui est importante pour nous.

Cette perte, ou ce manque, de ce que nous désirons peuvent être « réels » ou « symboliques ».

Ici, symbolique ne veut absolument pas dire que cela n’existe pas ou que c’est moins important ou quoi que ce soit…JAMAIS !
Une émotion est toujours réelle, à prendre en considération et légitime car elle est vitale pour l’individu.

Ici le distinguo va se faire par rapport à notre sentiment, à la façon dont nous allons vivre cette perte, ce manque.

Exemple :

  • Une perte « réelle » serait le deuil à faire d’une personne décédée ou le deuil lors d’une séparation avec un/des proches.
  • Un manque ou une perte « symbolique » serait par exemple un échec qui peut être vécu comme le manque de réussite ou la perte du bénéfice que nous pensions avoir avec cette réussite. 
    • La sensation d’être exclu = le manque de lien,
    • Une discussion qui « tourne mal » = le manque de compréhension
    • Et ainsi de suite…

Le manque et la perte sont les mots clés pour comprendre le message de la tristesse !
Mais quel est donc son rôle et à quoi nous sert-elle ?

Protection :                                                                                                        

L’action de repli provoquée par la tristesse va nous protéger d’autres agressions plus violentes pour nous (corps + esprit). En effet, avec le mécanisme de défense appelé évitement, la tristesse nous protège des facteurs ou des situations de stress qui pourraient devenir encore plus néfastes pour nous. Bien entendu, cela dépend de chacun et les raisons de cette protection peuvent donc se multiplier à l’infini.

Besoin :

Étant donné que la tristesse exprime le manque et/ou la perte, le besoin qui va être motivé par la tristesse c’est bien sûr le soutien et le réconfort. Ainsi, chaque situation de tristesse met le corps et l’esprit en mouvement vers  la situation, la/les personne(s) qui « satisferont » ce besoin.

La tristesse va toujours nous amener à réfléchir puis à aller vers ce qui nous conviendra le mieux.

      4. LES MALADIES DE LA TRISTESSE :

Comme nous l’avions précisé dans l’article d’introduction aux « et-moi-tions« , une émotion ne peut pas « ne pas s’exprimer ».
Ainsi, lorsqu’elle n’est pas entendue, comprise ou réalisée, l’émotion va se manifester et se « satisfaire » ailleurs (enfin, toujours en nous bien sûr 😉.

C’est pourquoi diverses maladies somatiques et/ou psychiques peuvent apparaître. Celles-ci vont finalement continuer à nous protéger (car oui une maladie nous protège) et tenter de répondre à notre « besoin ».

 

  • La dépression serait bien entendu LA maladie de la tristesse.  Lorsque l’état de tristesse dure plus d’une certaine période et qu’il est accompagné d’autres symptômes affectant la vie d’un individu, nous pouvons parler de dépression.Il n’est pas toujours facile de comprendre un état dépressif : peut-être pourrions-nous le voir comme un appareil électrique ou un voyant lumineux dans une voiture ? Si nous n’agissons pas sur ce voyant lumineux, il ne va pas s’éteindre tout seul. Finalement, c’est un peu la même chose pour la tristesse : contrairement à ce qu’on a tendance à penser, elle ne passera pas « toute seule ».Alors, même si nous ne comprenons pas le sens de ce mal être : s’il y a tristesse, c’est qu’il y a un besoin qui est toujours en souffrance. Et ce, même lorsque nous ne percevons aucun élément concret ou actuel qui pourrait expliquer ce mal être.
  • En médecine chinoise, l’organe associé à la tristesse est le poumon. Ainsi, nous comprenons que la tristesse peut provoquer des maladies d’ordre respiratoire et/ou pulmonaire.Puis, comme le poumon est relié au système digestif qui contient tout plein d’organes sympathiques  (comme le foie, la vésicule etc….;) nous pouvons également rencontrer toutes sortes de problématiques à ces niveaux-là. Notamment des maladies inflammatoires internes (donc sur les organes a l’intérieur de notre corps), mais aussi externes (la peau « dépend » du système digestif).
  • Avec l’activation de l’hormone cortisol (stress) peuvent également être déclenchées des maladies du cœur, voire du système sanguin.

La liste n’est bien évidement pas exhaustive, et la tristesse pourrait fragiliser ou affecter l’activité sexuelle, le sommeil, l’alimentation, etc. Finalement chaque organe, chaque zones suractivées ou sous activées dans notre organisme peuvent devenir symptomatiques d’une tristesse.

Je pense que vous avez compris l’idée ?

En tant qu’êtres humains mais surtout en tant qu’individus (et j’aime bien ce mot « individu », qui nous rappelle à quel point nous sommes indivisibles, que notre corps et notre esprit fonctionnent ensemble), nous sommes toujours en mouvement.
Nous sommes toujours en train de chercher à nous adapter, comme nous le pouvons et avec ce que nous avons dans notre environnement.

Ainsi, même si nous avons parlé de « maladie » ou du « contrôle » exercé par notre tristesse, nous savons désormais que c’est toujours pour notre plus grand bien.

Alors, maintenant que nous avons fait connaissance avec la tristesse et mieux cerné ses contours, peut-être serait-il temps de s’intéresser à la relation intime que nous entretenons avec elle ? Le cabinet Terre Happy vous attend pour en parler à distance ou sur Lyon 1er ! 😉