La colère, tout comme la tristesse et la peur que nous avons déjà profilées, fait partie des émotions fondamentales de base. Cela va signifier que quels que soient notre culture, sexe ou âge, nous naissons avec cette palette d’expressions qui va nous permettre de nous adapter à notre environnement et assurer notre survie.

Et oui ! Nous ne pouvons pas ne pas être tantôt triste, tantôt stressé, tantôt en colère etc… Nous sommes vivants, nous sommes humains !   

Nous avons beau savoir que toutes ces émotions existent et qu’elles sont indissociables à notre vie, cela ne nous empêche pas de dire ou d’entendre des phrases du style : 

« je ne suis pas triste puisque je ne pleure pas », « je ne suis jamais stressé ! », « moi ? En colère ? Mais pas du tout… » 

Ça peut être agaçant n’est ce pas ? 

Justement… ça tombe à pic, car j’avais bien envie de lui refaire le portrait (à la colère) !  

 

1.    COMPRENDRE ET IDENTIFIER LES MANIFESTATIONS PHYSIQUES DE LA COLÈRE : 

Toutes nos émotions vont être accompagnées d’une cascade de réactions et de changements au niveau physiques et physiologiques. Ainsi, la colère a donc sa propre identité et voici comment elle apparaît. 

 

A.   ZOOM SUR SON VISAGE : 

 Reconnaître les micros expressions de la colère sur le visage : 

 psychomorphologie de la colère - micro expressions

B.   ZOOM SUR SON CORPS : 

 

Au départ c’est le cerveau qui va traiter l’information afin d’avertir le reste du corps de la façon dont il doit se préparer. Ainsi, comme c’est le cas dans chaque émotion, c’est l’amygdale qui reçoit l’information en premier.

Ici l’amygdale ne correspond pas à ce que nous avons dans la gorge, mais a une partie du cerveau qui a pour rôle de décoder les stimuli qui pourraient menacer notre sécurité physique et psychique. Je vous fais grâce de la suite du parcours mais in fine ce qu’il faut retenir, c’est que les glandes surrénales vont, dans le cas de la colère, sécréter les 3 hormones suivantes : le cortisol, l’adrénaline et la noradrénaline. 

Tiens donc, ce ne seraient pas les hormones du stress ça ?  

Nous comprenons donc que notre corps va, lors de la colère, se préparer au combat ou à la défense – question de point de vue (cf : article sur la peur). 

Par l’activation de ces hormones s’ensuit donc l’augmentation : 

  • du rythme cardiaque
  • de la pression sanguine
  • de la tension artérielle

Cela va également augmenter le niveau de glucose et d’acides gras dans le sang. (« Génial on est bien contents ! ») 

En médecine chinoise la colère est associée au foie qui n’est autre qu’un organe vital responsable du bon fonctionnement de la digestion par la détoxification, la synthèse et le stockage. Lors de la colère le système digestif est donc altéré dans son fonctionnement de base. (« Encore mieux : en plus d’augmenter notre glucose et nos acides gras… on va tout stocker ! »). D’ailleurs nous le disons nous même avec nos expressions : « je ne l’ai pas digéré » ou « ça m’a gavé ».  

De plus la colère provoque une sécheresse au niveau de la bouche, ce qui peut notamment favoriser les brûlures d’estomac. 

Au niveau immunitaire la colère diminue l’efficacité de la thyroïde (qui est un peu le chef d’orchestre garantissant l’harmonie de notre métabolisme), ainsi que le nombre de cellules tueuses.
Elle va également augmenter le nombre de cellules affectées par les virus. L’expression « ça nous ronge de l’intérieur » prend un sens bien plus littéral pour le coup ! 

Au niveau des yeux la pression intraoculaire est augmentée ce qui va baisser l’étendue et la clarté de vue. (Il est vrai que lorsque l’on est en colère, nous avons tendance à nous sur-focaliser sur l’objet de notre énervement – dans ces conditions, difficile de prendre du recul mais pas impossible). 

La densité osseuse va chuter lors de la colère. Ceci va alors augmenter la fragilité des os et nous exposer à des fractures qui pourront être causées par les plus faibles chocs physiques. 

Pour illustrer tout cela, voici comment l’équipe du Dr Lauri Nummenmaa (de la faculté des sciences d’Aalto en Finlande), a représenté les manifestations corporelles de la colère (à gauche) et de la jalousie/envie (à droite). 

 Colère : zone activées dans le corps et zones affaiblies

Les couleurs chaudes = zones du corps suractivées par l’émotion 

Les couleurs froides = zones du corps affaiblies ou ralenties par l’émotion 

 

 

 

A droite sur le schéma, nous retrouvons la jalousie/envie. Elle est ce qu’on appelle une émotion mixte, c’est à dire que c’est un mélange entre deux émotions.

En l’occurrence la jalousie/envie additionne à la fois la colère, et la peur ou la tristesse.
La présence de la peur ou de la tristesse va dépendre du contexte, ou plutôt de ce que la jalousie/envie va réveiller comme fragilité chez la personne qui la ressent.

Pour mieux comprendre ou identifier ces émotions mixtes, je vous invite à (re)-faire un tour du côté de chez Swann des précédents articles qui traitent de l’émotion tristesse puis de la peur.

Et tant qu’on y est, n’hésitez-pas à (re)-lire l’article sur les « et-moi-tions« .

 

2.    QUEL EST SON RÔLE ? SON MESSAGE ? 

 

La colère est souvent perçue comme une émotion assez négative (en fait, nous ne sommes pas vraiment sympas avec nous-même et les autres, car nous considérons la plupart de nos émotions comme négatives…). 

Mais, et c’est le cas pour toutes les émotions, nous devons absolument nous dire, redire et re-redire une chose : les émotions sont là pour nous aider dans notre survie (physique et psychique, bien sûr). 

Bon, qu’en est-il pour la colère ?

Dans son étymologie on retrouve « kholê » qui veut dire « bile ». Et puisque nous venons de voir les manifestations physiques de la colère, cette étymologie prend tout de suite plus de sens !

Eh oui : rappelons-nous que la bile est le liquide sécrété par… le foie (pour aider la digestion).

 A. QU’EST CE QUI DÉCLENCHE LA COLÈRE ? 

 La colère va se manifester face à un obstacle, à un manque de respect, à un envahissement de notre territoire, à un sentiment d’injustice…

En bref : elle apparaît dès que l’un de nos besoins fondamentaux n’est pas satisfait, pas respecté, pas entendu, etc. Ce besoin peut à la fois être primaire, c’est-à-dire relatif à la survie de notre corps, ou secondaire, c’est-à-dire relatif à la survie de notre identité psychique (notre égo quoi). 

Ok.
Maintenant que vous savez cela, repensez à quelques une de vos petites (ou grosses) colères.

Nous arrivons à la même conclusion, non ?  La conclusion qu’effectivement, lorsque la colère est là, c’est qu’une partie de ce qui fait que je suis MOI est un peu amochée, reniée, remise en question, éteinte, menacée etc.

Et là, c’est le drame. Car nous commençons à réaliser que nous entretenons nous-même notre colère.
Et oui ! Parce que la colère se nourrit de la colère.  

Petit théorème de la colère :
Si je suis en colère, c’est qu’il y a un besoin en moi qui est frustré.
Alors j’extériorise cette frustration par la violence. Pour autant, cette réponse ne m’aide toujours pas à satisfaire ce besoin.
Donc celui-ci n’est toujours pas entendu… ce qui nourrit de plus en plus ma colère. CQFD (« ah bah génial, belle spirale ! Merci ! ») 

A ce stade de la lecture, nous avons encore du mal à saisir l’utilité de cette émotion. Et pourtant…  

 

BQUEL EST SON BESOIN ET DE QUOI ME PROTÈGE T’ELLE ? 

Grâce à l’importante quantité d’énergie corporelle qu’elle mobilise, la colère va d’abord tout faire pour satisfaire notre besoin de base : celui d’exister en nous affirmant, nous exprimant etc.

En parallèle, cela nous protège car nous avons assez d’énergie pour nous défendre de nos divers détracteurs (c’est-à-dire de ce qui a éveillé notre colère : une situation, une personne etc.) .

La colère peut aussi nous «  protéger«  ou du moins nous accompagner dans la gestion d’autres émotions. En effet, à travers l’émotion de la colère nous pouvons réaliser à quel point nos émotions peuvent être liées entre elles.

Pour le vérifier, il suffit de répondre  à la question « quel est le besoin qui a été frustré en moi et qui me met dans cette colère » : alors nous laissons apparaître d’autres émotions.  

Par exemple, lorsque nous réagissons avec violence contre quelqu’un ou contre une situation, il est possible que nous nous soyons senti menacés soit physiquement soit sur notre égo et auquel cas : coucou peur ! En elle même, la colère n’est pas agressive mais lorsque nous attaquons…c’est la peur qui parle.  

De la même façon, nous pouvons être en colère parce que la situation ou la personne nous fait réaliser que nous souffrons d’un manque : bonjour tristesse… Nous le remarquons d’autant plus à chaque fois que nous éprouvons de la culpabilité après avoir exprimé de la colère.

Ainsi, nous comprenons que la colère peut effectivement nous aider dans la gestion de certaines émotions. Avec toute l’énergie que nous avons mobilisée, la colère peut donc nous « sortir » , ou nous « empêcher « de tomber, dans un état de tristesse ou de peur.  

Jacques Salomé psychosociologue et écrivain français, exprime l’idée que la colère est un langage, celui du retentissement. En disant cela, il essaye, lui aussi, de nous faire comprendre que chaque colère va venir retentir en nous comme un message qu’il faut entendre et écouter. Autrement dit, nous devrions nous interroger sur ce que cette personne ou situation a touché et réveillé en tant que vulnérabilité chez nous 

Bien évidemment, tout ce travail, toute cette compréhension et cette acceptation ne sont pas si aisées !

Et je sais que nous (les professionnels de santé) le répétons souvent, mais nous sommes justement présents pour vous accompagner dans cette démarche.

[Et si je peux me permettre une petite réflexion personnelle, toujours dans le thème bien évidement : s’il vous plait, arrêtez de penser « qu’aller voir un psy ça ne sert à rien » , qu’ils sont là pour « vous analyser » ou parce que vous seriez prétendument « fou  » etc. C’est un poil énervant 😉 mais nous comprenons désormais pourquoi n’est-ce pas ? ]

Dans cette optique, le cabinet Terre Happy se tient à votre écoute, à distance ou sur Lyon 1er !